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Hostes Humani Generis
Paysage de la contre histoire #2
Création 2024/2025

Hostes humani generis, du latin signifiant littéralement « ennemi commun de l'humanité », est une locution juridique issue du droit maritime désignant principalement les pirates.
La haute mer étant hors de la juridiction de tout État et de toute puissance, elle est par conséquent un bien commun de toutes les nations navigatrices qui se partagent les bénéfices de la navigation. Les pirates s'attaquant à tout navire passant à proximité sont par conséquent considérés comme menant une guerre privée contre le
genre humain et donc les ennemis de toutes les nations navigatrices - en conséquence, toute nation avait le droit et même le devoir de juger voire d'exécuter sommairement tout pirate lui tombant sous les mains.

 

Ce deuxième volet de Paysages de la contre histoire sera dans le prolongement du premier. Dans Cito, Longe, Tarde il s’agissait de désempester nos imaginaires dans un Moyen-Âge de fiction, dans Hostes Humani Generis nous voulons désormais rêver un ailleurs, concevoir des utopies dans la mer des Caraïbes. L’océan porte en lui tous les rêves et tous les fantasmes, et comme les jeunes marins de l’époque de la piraterie s’embarquant sur les mers à la recherche d’une vie meilleure, nous voulons inventer des mondes et des sociétés - repousser plus loin encore l’horizon de nos désirs. Le bateau à voiles du XVIIIe siècle ne sera pas tant pour nous un moyen de transport qu’une sorte de boîte de Petri où faire germer les graines d’un autre monde, tout en questionnant la violence des rapports et la façon de s’en arracher.

 

En effet, l’âge d’or de la piraterie, qui traverse le début du XVIIIe siècle, se situe à une époque charnière du système économique et politique dans lequel nous vivons. Durant cette période, l’intensification des échanges commerciaux de l’Europe à l’Amérique trace des routes maritimes qui dureront jusqu’à nous. Dans un même mouvement, l’exploitation humaine devient plus brutale, pour les marins comme pour les populations africaines transformées et vendues comme esclaves dans les nouvelles colonies. Les quelques populations natives de l’Amérique qui n’ont pas été exterminées sont encadrées par un système colonial qui s’affermit. C’est au creux de ce temps de violences que des marins deviennent ennemis des nations qui les ont exploités et dont ils peuvent voir à l'œuvre partout dans leur environnement la brutalité : ce sont les pirates, dont nous voulons raconter l’histoire.

 

Mais il ne s’agit pas pour nous de faire œuvre  d’historien·nes. Nous voulons bien plutôt nous appuyer sur la grandeur du mythe, pour en rappeler la force toujours agissante dans notre monde contemporain. C’est l’aventure qui nous fascine, le spectacle de l’océan que traversent d’immenses navires, ce sont les terribles violences aussi auxquelles font face des hommes et des femmes qui cherchent à s’en extraire ou à la détourner. Nous voulons raconter cette histoire-là, cette contre histoire écrite collectivement par celleux-là que le temps a oublié·es mais dont les voix persistent jusqu’à nous, ces voix de la piraterie qui nous murmurent encore leurs rêves d’utopie.

 


De/par/avec:
Clarice Boyrive
n, Nathan Croquet, Lucas Saint Faust, Yohann Villepastour, Emma Gautrand, Noé Reboul

et Clélia Tournay (lumières) et Camille Bouvier (scénographie)

Partenaires / Soutiens :

Le Théâtre Jules Julien, Le Théâtre du Pont Neuf, Le Théâtre Sorano, L'Arène Coin Culture, le Pari, le Théâtre des Mazades, L'Espace Roguet, (en cours)

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